Des propos peu crédibles qui relancent toutefois le débat sur les « ingérences étrangères », parfois bien réelles, à l’occasion des élections. Ancien compagnon de Louis-Gaston Mayila (UPNR), puis de Pierre Mamboundou (UPG), puis de Jean-Boniface Assele (CLR) et enfin de Michel Menga (RHM), Gervais Oniane, passé maître dans l’art de la transhumance politique, a déclaré lors d’un meeting politique il y a quelques jours à Port-Gentil que sa candidature à l’élection présidentielle au Gabon, annoncée en février dernier, était soutenue à la fois par la Guinée équatoriale et par la France.
Originaire d’Oyem, cet ancien conseiller stratégique d’Ali Bongo Ondimba, du temps où ce dernier n’était pas encore chef de l’Etat mais ministre de la Défense, a créé l’Union pour la République (UPR) en septembre 2021. Si, pour les observateurs attentifs de la vie politique gabonaise, il s’agit de « propos d’estrade, peu crédibles », pour reprendre les termes de l’un d’entre eux, les déclarations de Gervais Oniane relancent le débat, où s’entremêlent fantasmes et réalité, sur les « ingérences étrangères » lors des élections à la magistrature suprême. En 2016, certains pays étrangers avaient apporté un soutien financier et logistique à Jean Ping (CNR), à l’instar du Congo Brazzaville et de la Côte d’Ivoire. A l’époque, une conversation orale entre Jean Ping et Mamadi Diané, un proche conseiller du président ivoirien Alassane Ouattara, au cours de laquelle Diané conseillait Ping sur la façon de procéder pour parvenir au pouvoir, avait été interceptée avant d’être éventée dans la presse, entrainant une brouille de plusieurs années entre les présidents Ouattara et Bongo qui s’en sont expliqués depuis. Pour autant, cet épisode n’a pas échaudé certains candidats, actuels ou potentiels, à la magistrature suprême qui n’ont pas renoncé à se tourner vers l’extérieur dans l’espoir d’être stipendiés. C’est le cas notamment d’Alexandre Barro Chambrier qui, chassant sur les terres de Jean Ping, tente depuis plusieurs mois de convaincre les dirigeants congolais et ivoiriens de lui apporter un « coup de main » en 2023.
Le débat sur les ingérences étrangères à l’occasion des élections présidentielles n’est ni propre au Gabon, ni à l’Afrique. Lors des derniers scrutins aux Etats-Unis et en France, la responsabilité de la Russie avait, à tort ou à raison, été pointée du doigt.