« A Paris, la Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG) vient de mettre son veto sur un contrat portant fourniture à la Garde républicaine (GR) gabonaise de quatre véhicules blindés AML90 par la société française Sofema, spécialiste du matériel militaire reconditionné », renseigne Africa Intelligence.
Cette décision aurait été prise, selon cette lettre confidentielle, « sous la pression des conseillers de la Direction Afrique et océan Indien (DAO) du Quai d’Orsay » de peur que « ce matériel ne soit utilisé à des fins répressives en cas d’éventuels débordements qui pourraient subvenir en marge de l’élection présidentielle de 2023».
Pour Paris, régulièrement accusée de s’ingérer dans les affaires intérieures des pays de ses anciennes colonies en Afrique francophone, cette décision tombe au plus mauvais moment. Au Mali, au Burkina Faso, etc. la France est, à tort ou à raison, pointée du doigt pour son implication dans des domaines relevant de la souveraineté d’États indépendants.
Par ailleurs, le Gabon, qui vient d’adhérer au Commonwealth, pourrait « très facilement se tourner », selon ce spécialiste, « vers un fournisseur britannique ou anglo-saxons qui disposent d’excellents matériels. » Ce qui réduirait un peu plus l’influence de la France dans un pays pourtant stratégique. Le Gabon est l’un des rares pays stables en Afrique. C’est un pays très engagé dans le dossier du climat et l’environnement. Et, dans trois jours, il prendra la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU.
« Procès d’intention »
Autant de raisons qui font que ce veto portant sur la fourniture de blindés ne pourrait être que temporaire. Comme l’indique Africa Intelligence, « le sujet pourrait (…) être rediscuté à l’occasion de la visite de la ministre de la défense gabonaise, Félicité Ongouori Ngoubili, à Paris, mi-octobre. »
En attendant, du côté de Libreville, même si on se garde de toute déclaration officielle, plusieurs voix évoquent en off un « procès d’intention grotesque » et une « décision anachronique » appuyées sur des « arguments spécieux ». « La sécurité et le maintien de l’ordre intérieur est un attribut de tout Etat indépendant », rappelle-t-on.